Promis, c'est promis
Aujourd'hui, la causerie du mardi sera sur la consoude.
Ou Symphytum, si vous préférez.
On sait ce que consoude veut dire. Une plante vivace, robuste et rustique. Qui a le chic pour capter dans son suc tout le meilleur de la terre (on verra çà demain).
Ceci dit, il y a consoude et consoude.
Voici l'officinale (celle qui pousse le long du chemin) :
Voici l’impériale (Symphytum Empire, made in Jardin du Morvan) :
Pour une fois, la plante naturelle (Symphytum officinale) n'a pas le charme de sa cousine des jardins (Symphytum Empire).
- D’abord, elle est moins riche en principes essentiels.
- Ensuite, elle chope la rouille (sauf quand elle baigne dans un terrain riche et frais).
- Enfin, elle se sème partout. Pas là où il faut (voir notre chronique du 29 mars, dans les archives de mars, à droite de l’écran)
La consoude Empire (Symphytum Empire, en gréco-latin), c’est autre plante.
Toute de vertu vêtue, feuilles et racines. Citoyenne.
Résistante à la rouille.
- Bourrée de principes essentiels.
- Sans graines malices.
- Sans drageons rageants.
Le tout ourlé de boutons noirs et de fleurs violet-rouge. Veloutés.
Mérite de COURSON, s’il vous plait.
Dans votre jardin, la consoude Empire est heureuse. Vit longtemps. Impressionnante mais respectueuse. Pas de semis non voulu. Pas de drageon.
Vous avez envie de la multiplier ? Un coup de bêche en hiver vous donne l’éclat qui reprend là et quand vous le plantez.
C’est vous qui décidez. Pas elle.
Demain nous parlerons chimie (dans la consoude, qu’est ce que l’on trouve ?).
Nous en profiterons pour découvrir d’autres variétés.
La célébrissime consoude Bocking 14, en particulier.
Je laisse maintenant la plume à notre chroniqueur : Germinal, croisé botanico-tonique :
Alors, ami lecteur, as-tu bien révisé la question Symphytum ?
Les grandiflorum, tuberosum, Hidcote Pink, All Gold, Belsay Gold et autres Bocking 14 n’ont plus de secret pour toi ?
Tu as donc mérité de lire la suite de la biographie de la consoude !
Germinal, conscient de ses limites, laisse les subtilités horticoles au Maître.
En bon humaniste, sensible aux relations entre l’homme et la plante, votre serviteur se concentrera aujourd’hui sur l’aspect humain de la consoude.
L’histoire moderne de la consoude est intimement liée à celle de quatre anglais.
- Le premier, Joseph Busch, pépiniériste de renom, vend son commerce afin d’accepter le poste de jardinier en chef que lui offre la grande Catherine de Russie en 1771. Là, il découvre les variétés caucasiennes de Symphytum et se passionne pour cette plante.
Il envoie des plantes en Angleterre, où des chercheurs se penchent sur les ressources biologiques de ce matériau nouveau et productif.
- Second intervenant majeur : Sir Henry Doubleday (1813-1902). L’homme est un chercheur passionné, désireux d’apporter bien-être et qualité de vie à ses concitoyens.
Très marqué par la famine qui ravagea l’Irlande au milieu du 19ème siècle, il étude les ressources alimentaires de la consoude.
- Au vingtième siècle, la seconde guerre mondiale provoque pénurie de nourriture et misère en Angleterre.
Le chercheur J. Kenneth Crawley met en évidence les richesses en protéine de la consoude. On lui doit un slogan : « la plante qui permet d’éviter les vaches maigres ».
- Après la guerre, Laurence D. Hills, militant de la cause écologiste, retrouve trace des travaux de Doubleday et profite des découvertes de Crawley. Il a en main tous les atouts pour imposer la consoude comme plante fourragère et comme légume.
Conscient du travail de pionner de Doubleday, de sa dimension humaniste et visionnaire, il baptise (en 1954) du nom de ce dernier l’association qui va devenir l’une des plus importante associations d’agriculture biologique d’Outre-manche : la HDRA (Henry Boubleday Research Association).
Pour mener à bien ses travaux, Hills s’installe dans le bourg anglais de Bocking (oui, ami lecteur, comme dans Bocking 14).
Là, il travaille sur des hybrides du type de consoude de Russie. Il crée de nombreux cultivars qu’il baptise du nom du désormais célèbre bourg anglais : Bocking 1, 2, 3… Jusqu’à 21.
La plus connue de toutes ces descendances étant Bocking 14 (« la plus bio des consoudes », dans le catalogue du JDM), parvenue entre les mains expertes de Maître Thierry grâce aux bons soins de l’ineffable Patrick Saint-Aubin (in catalogue JDM Automne 2005).
Une belle chaîne humaine, au service d’une plante aux ressources étonnantes, non ?
En filigrane de l’histoire de la consoude, comme derrière celle du maïs ou le la pomme de terre, se donne à lire l’histoire des hommes, rien de moins.
A suivre… (Rassure-toi, ami lecteur, la prochaine livraison sera moins indigeste. Et enrichie en plaisantes anecdotes).
Tout ça c’est bla-bla et compagnie.
Moi, la consoude que j'préfère,
c’est celle-ci :
Le dessin est un peu flatté. Mais le texte reste pertinent (Dioscoride, 60 ans après J.C.). Le tout traduit par Abû Sâlim al-Malatî (12 siècle).
Origine du manuscrit : Mésopotamie.
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je viens de decouvrir votre site mais je suis une vieille cliente "papier" du jardin du morvan mordue de jardinage cela me permettra de rencontrer d autres accros des plantes pour en revenir a la consoude j en ai recupere un plant en bordure d un jardin ce n est pas une variete sauvage il n y en a pas chez nous je donne les feuilles aux lapins cela remplace avantageusement la salade . je crois que l on peut faire du purin comme avec les orties quelqu un pourrait il me donner la recette merci abientot et chapeau a thierry denis pour l evolution de sa societe .j ai conserve tous les catalogues que j ai recu .j ai celui de 1991 sous les yeux que de chemin parcouru !
Rédigé par : catherine berger | mar. 07 juil 2009 à 22h23
Bonjour,
je vis désormais dans le Haut Jura, et il semble que la consoude off. plantée il y a 4 ans dans mon potager, non seulement soit en train de le coloniser, mais encore, on en trouve ce printemps une colonie de +/- 20 grosses touffes sur la route forestière de notre combe, soit à qq centaines de mètres à vol d'oiseau. Sommes nous responsables de cette échappée (via oiseaux, abeilles, vent, rongeurs ou fèces animales...), et présente-t-elle un danger pour la végétation locale ?
Si oui, faut-il inviter les sangliers du secteur à en déguster les racines, à moins que les cochons domestiques n'en soient les seuls friands ?
Merci d'avance de ce que vous pourrez m'apprendre sur ce sujet envahissant !!
J'ajoute que mon père, en Provence, a bien du mal à conserver la sienne, et c'est moi qui lui offre des boutures de celle qu'il m'avait offerte !
Bien cordialement.
Rédigé par : Denise | jeu. 14 mai 2009 à 22h57
il y a longtemps que nous avions adopté la consoude du caucase : http://jardinsdepareillas.over-blog.com/article-2508083.html
Merci pour cette note socio-historique : c'est un mérite que je ne connaissais pas à la consoude
http://jardinsdepareillas.over-blog.com/article-2817326.html
Rédigé par : nathalie | jeu. 01 juin 2006 à 07h43
Merci pour ces commentaires, à quand une chronique complète sur toutes les borraginacées?
F
Rédigé par : Francois | mar. 30 mai 2006 à 13h37
Bon, au vu de tout ceci je me dis que je ne peux me passer de cette si célèbre consoude "mérite de Courson" J'en réserve donc un plant pour cet automne!
En attendant, je me précipte tous les matins sur la si plaisante lecture du blog.
Merci à Maître Thierry et à Hérisson pour les bons moments qu'ils nous font passer.
Christiane
Rédigé par : CHRISTIANE ROZET | mar. 30 mai 2006 à 10h03